Le coût qu’implique une reconversion peut empêcher certains salariés en quête d’une nouvelle vie de franchir le pas. Un certain nombre de dispositifs existent pour lever ce frein et accompagner financièrement le virage professionnel de ces actifs. Du CPF à la Pro-A en passant par les Transitions collectives, retour sur les aides à mobiliser pour financer son parcours de formation.

Que ce soit en vue d’une évolution interne à l’entreprise ou d’un changement radical de carrière, les salariés souhaitant se reconvertir professionnellement sont de plus en plus nombreux. Leurs motivations peuvent être multiples : gagner en liberté en se mettant à leur compte, se tourner vers un “métier passion”, augmenter leurs revenus ou encore préférer un secteur non affecté par la crise sanitaire. Mais une fois le projet de carrière défini, encore faut-il pouvoir le financer. La reconversion professionnelle implique généralement de devoir gagner en compétences, et nécessite donc de se former.

Lorsqu’on est salarié, pas facile de dégager du temps pour suivre une formation, et se former sur son temps de travail ou abandonner son poste pour monter en compétences dans un autre domaine entraîne logiquement un arrêt de la rémunération. Ajouté au fait que les formations ont un coût non négligeable, ces facteurs peuvent devenir des freins à la reconversion professionnelle. Afin de faire tomber ces barrières et faciliter la reconversion professionnelle des salariés, des financements ont été mis en place, notamment dans le cadre du plan de relance. Panorama des cinq dispositifs que les salariés peuvent mobiliser pour donner un nouveau souffle à leur carrière.

Le compte personnel de formation (CPF), pour être libre de choisir son parcours de formation

Le plus connu des dispositifs de financement reste le compte personnel de formation, plus communément appelé CPF. Il met à disposition de tous les travailleurs de plus de 15 ans des droits à la formation, qu’ils peuvent mobiliser pour le parcours de leur choix. “Tous les actifs disposent d’un portefeuille, qu’ils peuvent utiliser soit pour muscler leurs compétences, soit pour entamer l’acquisition de nouvelles compétences dans le cadre d’une reconversion professionnelle”, explique Fabrice Yeghiayan, directeur du développement de l’ Afpa, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes. Depuis 2015 et le remplacement du DIF (droit individuel à la formation) par le CPF, les travailleurs ne cumulent plus des heures de formation, mais des euros. Leur CPF est renfloué de 500 euros par année travaillée et ne peut pas dépasser 5.000 euros. Pour les salariés peu ou pas qualifiés, l’enveloppe monte à 800 euros par an, pour un CPF plafonné à 8.000 euros.

Les travailleurs bénéficient d’une autonomie quasi-complète pour utiliser leur CPF, mis en avant par le gouvernement comme un dispositif permettant de rendre les actifs plus libres dans le choix de leur avenir professionnel. “On est sur un droit individuel, le pouvoir est remis à l’actif. Le salarié n’a pas nécessairement besoin d’en parler à son entreprise, il peut rechercher la formation qui correspond à son projet parmi l’offre disponible, et l’acheter en un clic sur la plateforme Mon compte formation”, détaille Jérémy Plasseraud, responsable du site Maformation.fr. En revanche, si le salarié souhaite mobiliser son CPF pour suivre une formation durant son temps de travail, il doit obtenir l’accord de son employeur. Si ce dernier l’accepte, le salarié continue de recevoir sa rémunération durant ses heures de formation. Toutefois, “pour les reconversions professionnelles, les salariés utilisent en général leur CPF en dehors de leur temps de travail, précise Fabrice Yeghiayan. Il est clair que la reconversion doit faire l’objet d’une stratégie, et le CPF permet une stratégie de moyen-long terme”.

Le projet de transition professionnelle, pour se former en conservant son poste et sa rémunération

Spécifiquement dédié à la reconversion professionnelle, le projet de transition professionnelle (PTP) remplace le CIF (congé individuel de formation) depuis le 1er janvier 2019. Il permet aux salariés souhaitant se reconvertir de suivre une formation certifiante dans un autre domaine d’activité, ou d’évoluer dans leur entreprise d’origine. Ils doivent pour cela mobiliser les droits qu’ils possèdent sur leur compte personnel de formation. Avantage notable du PTP, aussi appelé CPF de transition professionnelle : les salariés conservent leur poste ainsi que leur rémunération durant toute la durée de leur formation. En d’autres termes, le projet de transition professionnelle permet de prendre un congé spécifique pour suivre un parcours de formation, dont la durée peut désormais dépasser 12 mois.

Pour en bénéficier, les salariés doivent tout de même justifier d’une certaine ancienneté au sein de leur entreprise : 12 mois minimum pour les CDI, et 24 mois pour les CDD (pas nécessairement consécutifs). Les salariés doivent également obtenir l’accord de leur employeur, ainsi que la validation de la Transition pro de leur région, qui a pour mission d’évaluer les projets des salariés avant d’accorder ou non un financement. Attention : les Transitions pro reçoivent plus de projets qu’elles ne peuvent accorder de financement. Comment alors maximiser ses chances que son dossier soit accepté ? “Le projet de transition professionnelle repose sur trois critères : la cohérence du projet, la pertinence du parcours de formation au regard de la situation de la personne et de son projet et les perspectives d’emploi relatives au projet”, éclaire Philippe Debruyne, président de l’association Certif’ Pro, l’association nationale pour la certification paritaire interprofessionnelle à la tête du réseau des Transitions pro.

En cas de réponse négative, pas de panique : il est possible de déposer un nouveau dossier, en ayant davantage travaillé son projet professionnel et sa pertinence au regard du bassin d’emploi visé. Le salarié doit, pour ce faire, bien s’informer sur les perspectives de reconversion professionnelle dans sa région. Les Transitions pro s’engagent à rendre une réponse complète en cas de refus, afin que le candidat puisse comprendre les limites de son projet. Et si le salarié considère la décision rendue non justifiée, il peut faire un recours. Ainsi, “la médiatrice de France Compétences est en capacité de recevoir des demandes de bénéficiaires qui ne comprennent éventuellement pas les décisions qui sont prises”, souligne Philippe Debruyne. Afin de maximiser leurs chances et de rendre leur dossier le plus cohérent possible, les salariés peuvent se tourner vers un conseiller en évolution professionnelle (CEP), qui les aidera gratuitement à construire leur projet.

Écrit par Philippine Ramognino Capital 06-2021